Mylène Ferré
Lieux de culte, pratiques rituelles et territoire dans le Nord-Ouest de la Gaule Aquitaine (IIe s. av. J.-C. – Ve s. ap. J.-C.)
Parcours de thèse
Depuis le XIXe siècle, la découverte de temples à plan centré, alors appelés fana, apparemment conditionnés au monde celtique (Gaules et Germanies), et l’organisation de premières campagnes de fouilles sur de célèbres sites entraînent la formation d’un nouveau champ de recherche sur la religion romaine et ses espaces d’expression en Gaule. Le développement durant la seconde moitié du XXe siècle de la prospection aérienne a considérablement augmenté le nombre de sites connus et a permis de les replacer dans leurs environnements anthropique, naturel et topographique. Enfin, depuis une trentaine d’années, la multiplication des fouilles préventives, en particulier en milieu rural, a ouvert la voie à de nouvelles problématiques notamment autour des rites et des pratiques. Parallèlement, la prise en compte des environnements anthropique et naturel tout comme les réflexions à l’échelle des cités ou des provinces romaines ont fait apparaître la notion de paysage cultuel (SCHEID et DE POLIGNAC 2010 ; GOLOSETTI 2020). La recherche sur les lieux de culte en Gaule Aquitaine, si elle connaît quelques précédents et quelques travaux sur de grands sites, reste en retrait de cette dynamique. En 2004, la publication du Guide archéologique de l’Aquitaine met en évidence la sous-représentation des sanctuaires dans cette province, qui constitue un biais de la recherche (BOST et al. 2004).
Ce travail de thèse s’inscrit dans cinq cités du nord-ouest de la Gaule Aquitaine : les Lémovices, les Pétrucores, les Pictons, les Santons et les Angoumoisins (fig. 1). Cette emprise cohérente géographiquement assure à la fois la possibilité de constituer un corpus en l’état des connaissances, ce qui reste inédit pour ces territoires, et homogène (sur le modèle du travail réalisé en territoire lémovice ; Ferré 2021), et aussi de mener des opérations de terrain afin de compléter les données disponibles sur une sélection de sites. Le projet s’inscrit dans une perspective de longue durée afin d’appréhender l’origine des lieux de culte et l’évolution du paysage cultuel de la fin de l’Âge du Fer (IIe s. av. J.-C.) au début du Haut-Empire (Ier s. ap. J.-C.) mais aussi pour suivre le devenir des édifices avec l’apparition progressive du christianisme au Ve s. ap. J.-C.
L’ambition est d’effectuer une étude archéologique globale et multiscalaire (du site à la province) des lieux de culte dans les cités retenues. Il s’agit de dépasser la simple analyse typologique ou de répartition spatiale en intégrant dans des analyses multifactorielles les éléments d’architecture, les assemblages de mobilier, la répartition de leur dépôt dans les sanctuaires, les caractéristiques géographiques des lieux d’implantation, les contextes archéologiques (habitats groupés, habitats ruraux) pour dessiner le paysage religieux tout en restituant les pratiques.
Pour la première fois dans l’étude de lieux de culte gallo-romains, l’ensemble des données archéologiques et spatiales sera pris en compte dans une réflexion globale sans séparer les questionnements sur la morphologie, sur les rites et sur la répartition spatiale.