Jules Varé

Les transformations des espaces publics dans les villes de Gaule du IIIe au Xe siècle

Directeur(s) de thèse: Lorans Elisabeth

Co-directeur (50 %) : Catherine Saliou, PR d’Histoire Romaine, Université de Paris 8 et Directrice d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Université Paris Sciences et Lettres – UMR 7041 ArScAn

Le développement très important de l’archéologie, et notamment de l’archéologie préventive, ces quarante dernières années a profondément renouvelé nos connaissances sur les transformations de l’espace urbain pendant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Ces nouvelles données matérielles et la relecture des sources écrites ont entraîné de nombreux débats sur la nature de la ville pendant cette période, débats dont le programme de recherche The transformation of the Roman World a rendu compte avec la publication en 2003 de deux volumes spécifiquement consacrés à la ville. L’intérêt pour cette période n’a pas faibli comme le montre entre autres The Brill’s Series on the Early Middle Ages, qui a pris le relais de la précédente collection en élargissant jusqu’au XIe siècle la période considérée. Ces publications fournissent un cadre de réflexion théorique et invitent à un retour aux sources sans cesse actualisées par de nouvelles découvertes.

Inscrit dans cette perspective générale, ce sujet de thèse propose de s’atteler à un aspect majeur des transformations de la ville classique, celles qui affectèrent les principaux espaces publics qu’étaient le forum, la voirie (pour l’essentiel) et les sanctuaires, en les envisageant sur un temps long, du IIIe au Xe siècle, à même de révéler la complexité des processus affectant l’usage du sol urbain.

A l’échelle de la Gaule, un corpus de chefs-lieux de cité choisis pour leur pérennité au haut Moyen Âge comme sièges épiscopaux sera constitué en se fondant sur les fouilles archéologiques récemment menées et sur la richesse de la bibliographie disponible. La constitution de ce corpus pourra s’appuyer sur les données déjà rassemblées dans le cadre du programme IUF d’Elisabeth Lorans pour le nord de la Gaule (dépouillement de rapports de fouille, base bibliographique Zotéro). La période envisagée est traversée par des transformations politiques, sociales et culturelles de grande ampleur, associées à des évolutions juridiques, qu’il faudra prendre en compte en croisant la documentation archéologique et les textes. Les sources écrites à mobiliser sont très diverses : inscriptions, textes normatifs et actes juridiques de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge ; sources narratives.

La mise en œuvre de ce corpus documentaire nécessitera la constitution de bases de données et d’un système d’information géographique afin de cartographier les phénomènes observés à l’échelle des espaces urbains et à l’échelle régionale. Le croisement des sources permettra d’aborder de manière raisonnée des questions majeures : jusqu’à quand les fora ont-ils été entretenus et utilisés pour leurs fonctions primitives ? Par quels usages ont-ils été remplacés ? Quelles transformations le réseau viaire connut-il ? Des réponses ponctuelles sont déjà connues, comme la construction de groupes épiscopaux sur certains fora (Aix-en-Provence, par exemple) ou la transformation de portiques en boutiques ou ateliers, mais il s’agit ici de de proposer une réflexion globale sur le statut et le traitement juridique des espaces considérés. Au regard du droit romain en tout cas, l’espace public est, par définition, exclu de toute appropriation privée pour rester à l’usage de tous, mais il peut être concédé à des individus ou à des groupes selon des modalités et des temporalités variables. Vers l’aval, il s’agira aussi de mettre en exergue les interventions ayant abouti à la création d’un nouvel ordonnancement de l’espace urbain, telle la refondation du castrum de Rouen intervenue à la fin du IXe siècle sous l’égide du souverain.

Ce sujet de thèse s’inscrit dans l’axe 1 du Laboratoire Archéologie et Territoires, intitulé Villages, villes et territoires.

(allocation régionale)