Aude Crozet

La fabrique du paysage, de la forêt de Boulogne au parc de Chambord

Curriculum Vitae

A la suite d’un premier cycle en histoire de l’art et archéologie à l’école du Louvre, je me suis formée en archéomatique dans le Master professionnel de l’université de Tours. Mon stage de fin d’étude m’a permis de me perfectionner dans l’analyse des données LiDAR et m’a initiée aux caractéristiques spécifiques du milieu forestier. J’ai travaillé en tant qu’ingénieur d’étude pendant un an au laboratoire Archéologie et Territoires (UMR 7324 CITERES) et à la Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement (MSHE) de Besançon pour divers programmes de recherche avant de commencer une thèse en 2015 (soutenue en avril 2021).

Parcours de thèse

Cette thèse, intitulée La fabrique du paysage, de la forêt de Boulogne au parc de Chambord, s’est inscrite dans le cadre du programme SOLiDAR (2015-2018) mené par le laboratoire Archéologie et Territoire. Il a notamment permis l’acquisition de données LiDAR sur 25000 hectares de forêts autour de la ville de Blois en 2015.

J’ai spécifiquement travaillé sur la forêt de Boulogne et le parc de Chambord. Ces deux entités constituaient au Moyen Âge une seule et même forêt qui a été coupée en deux pour créer un parc de chasse royal.  Aujourd’hui distinctes, elles sont séparées par un mur construit entre le milieu du 16e et le milieu du 17e siècle et présentent deux paysages très différents : une futaie régulière de chênes pour Boulogne, une mosaïque de peuplement et une majorité de taillis sous futaie pour Chambord (figure 1). 

Plan en couleur de deux paysages forestiers très différents
Figure 1 : Deux paysages forestiers très différents

A partir de ce constat, deux axes d’étude ont été développés. 

  • Premièrement, l’étude des paysages sur le long terme (entre la fin du 16e siècle et la fin du 19e siècle) a permis d’éclairer les aménagements et les actions anthropiques à l’origine des différences observées dans les deux massifs. Boulogne est devenue une forêt exploitée pour son bois, tandis que Chambord a été aménagé en priorité pour favoriser le développement du gibier. L’histoire du parc, beaucoup moins connu que son château, était également à faire. J’ai ainsi mis en évidence les vestiges d’une structure tombée dans l’oubli, une canardière (un étang aménagé pour la chasse au canard) du 17e siècle. J’ai réalisé un mini-documentaire pour la valoriser auprès du public. https://www.canal-u.tv/video/citeres/la_canardiere_de_chambord.59657 
Les vestiges de la canardière sur le relevé LiDAR (gauche) et sur un plan fin XVIIe siècle (droite)
Figure 2 : Les vestiges de la canardière sur le relevé LiDAR (gauche) et sur un plan fin XVIIe siècle (droite)
  • Deuxièmement, je me suis intéressée aux données stationnelles. En forêt, une station est une zone homogène en termes de végétation basse, de microclimat et de sol. Ces stations sont utiles aux agents forestiers pour adapter leur gestion forestière en fonction du potentiel écologique et ainsi optimiser la production de bois. J’ai étudié les informations issues des stations (sol, végétation basse, microclimat) pour déterminer leur utilité pour les archéologues. Ce travail expérimental, réalisé avec Pascal Chareille, a été mené sur un corpus de plus de 400 charbonnières au sein du parc de Chambord.

Les sources mises en œuvre étaient issues de la prospection pédestre et d’un relevé LiDAR, des archives, des documents planimétriques anciens et des données écologiques contemporaines. L’approche, interdisciplinaire, a fait appel à des méthodes telles que la modélisation conceptuelle, la cartographie et l’analyse spatiale, les statistiques. En complément de l’approche paléo-environnementale, mais aussi pour dépasser une archéologie simplement transposée au milieu forestier, mon travail de thèse propose aux archéologues de prendre en compte les spécificités du milieu forestier pour développer une archéologie forestière.