Le service départemental d’Eure-et-Loir (région Centre-Val de Loire) intervient sur un territoire de 5 880 km2, à la périphérie immédiate de la région parisienne. Le département est traversé par des axes majeurs, tels les autoroutes A11, A10, le TGV, la route nationale N154 Orléans-Rouen, mais aussi les rivières de l’Eure et du Loir, affluents de la Seine et de la Loire. La préfecture, Chartres, n’est située qu’à 70 km de Paris. Cette situation engendre un certain dynamisme de l’aménagement, qui place le département en tête du nombre de prescriptions archéologiques pour la région Centre – Val de Loire, depuis de nombreuses années.

Dans ce cadre très actif, les diagnostics sont envisagés comme un outil de recherche à part entière, qui contribue pleinement à caractériser les dynamiques des sociétés anciennes et leur impact sur les paysages. Pour cela, une méthodologie adaptée permet d’alimenter les problématiques de recherche qui portent sur le territoire1, voire d’en faire émerger de nouvelles, comme c’est le cas pour l’étude des modelés agraires en Beauce (Borderie & Leturcq, n.d.). Si cette démarche se fonde sur une méthodologie désormais habituelle en archéologie préventive (par ex. tranchées parallèles, sondages profonds ; Depaepe et Séara, 2010), elle repose aussi sur la constitution même de l’équipe archéologique, qui compte cinq responsables scientifiques, spécialistes des périodes allant de la Préhistoire à la période moderne, ainsi qu’un géoarchéologue, un topographe photogrammètre et six archéologues. En outre, un SIG, créé en 2005, est alimenté de manière continue par les opérations préventives, mais aussi par toutes les données patrimoniales disponibles sur le département, qu’elles soient issues des archives, des sociétés savantes, des associations ou des autres organismes d’archéologie préventive.

Les diagnostics abordent de grandes surfaces, sur des territoires souvent méconnus, et livrent des données plurielles et inédites. Malgré leur caractère lacunaire, en raison de la taille des fenêtres d’observation (10 à 15 % de la surface prescrite en moyenne en Eure-et-Loir), les données acquises constituent un échantillonnage diversifié, qui alimente des axes de recherches multiples. La pluridisciplinarité de l’équipe du Service d’archéologie préventive du département d’Eure-et-Loir, depuis sa création en 2005, a permis d’exploiter au maximum ces données. Celles-ci contribuent, en premier lieu, à la connaissance des contextes chrono-stratigraphiques, à celle de la mise en place de la couverture quaternaire et à la lecture des paysages et de leur dynamique. Les superficies importantes abordées par certains diagnostics permettent d’appréhender les modalités et les rythmes d’occupation au cours du temps. Enfin, certaines découvertes ponctuelles, mais particulièrement novatrices, viennent alimenter la recherche plus générale à l’échelle du département ou de la région, prenant toute la place qui leur revient dans les synthèses.

En Eure-et-Loir, comme ailleurs, les diagnostics restent une source d’information indispensable sur la structuration et l’occupation du territoire, au même titre que les fouilles. Dans ce cadre, le diagnostic dépasse son simple rôle d’identification et de caractérisation des vestiges pour devenir un véritable outil d’analyse, inscrit dans les problématiques de recherche et auquel il convient d’apporter les moyens matériels et intellectuels les plus adaptés.