Manuel Porcheron

Les gestes des bûcherons/charpentiers comme analyseurs archéologiques des charpentes médiévales

Directeur(s) de thèse: Lorans Elisabeth

L’archéologie en général, et l’archéologie du bâti en particulier, étudient les charpentes pour ce qu’elles sont globalement : c’est-à-dire des structures. Pour développer et enrichir les connaissances sur ces charpentes, il est nécessaire de trouver de nouvelles informations dont l’analyse, croisée avec les informations structurelles, permettra de mieux les comprendre. Les traces sont ces informations qui nous permettent d’élucider, en partie, la gestuelle qui a participé à l’élaboration de ces traces.

Traces (logis royal de Loches)

Il s’agit d’identifier les gestes pour mieux comprendre les pièces de bois et de caractériser ces objets pour mieux comprendre les structures. C’est-à-dire en quoi la connaissance des arbres, de la forêt de manière générale, et de la chaîne du façonnage permet-elle à l’archéologue de comprendre les choix stratégiques de réalisation d’une charpente par des artisans aux différentes périodes du Moyen Âge ? Autrement dit, du choix des bois au choix des formes par la connaissance des gestes. Cette étude aura pour but général d’identifier les gestes des bûcherons/charpentiers, les différences entre novices et experts, ainsi que les outils utilisés (hache, doloire, herminette), et éventuellement l’apparition de nouveaux gestes qui consacrerait des périodes de progrès techniques et d’inventions.

Les outils utilisés apparaissent comme des vecteurs essentiels à la fois comme des prolongements du bras humain qui ont appliqué ces stratégies et en même temps, pour nous aujourd’hui, comme les principaux indicateurs de ces stratégies par les traces qu’ils ont laissées. Les traces seront un élément clé et central dans l’analyse de l’utilisation des grumes.

Le recours à l’expérimentation semble indispensable. La reproduction de pièces de bois, avec les mêmes traces et par les mêmes procédés que ceux employés à une époque donnée, est à la fois un moyen de contrôle et un moyen de production de connaissances sur le savoir-faire.

Cette thèse se situe donc résolument dans le cadre d’une archéologie du geste qui s’appuie sur une double perspective : celle de l’expérimentation comme pratique scientifique et celle des pratiques comme objet premier du patrimoine archéologique immatériel.

La limite inférieure du cadre chronologique est imposée par la matière disponible. Il n’y a guère d’éléments de charpente conservés antérieurs au XIe siècle qui sera notre point de départ. Les vestiges les plus anciens mentionnés ici seront donc ceux de l’église Saint-Georges à Rochecorbon.

La période étudiée s’achèvera au XVIIIe siècle. Tout découpage du territoire est arbitraire. Dans un premier temps, nous nous cantonnerons à l’étude de charpentes de la région Centre. Cette zone regroupe un nombre de charpentes suffisant pour permettre une étude qui évite le risque de tomber dans les écueils du particularisme local ou de la généralisation. Nous analyserons trois types de monuments : civil (urbain et rural), militaire et religieux afin de mettre en évidence similitudes et différences.

Traces (St Georges de Rochecorbon)