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Valentin MICLON

Alimentation, état sanitaire et statut social des populations médiévales dans le centre de la France : approche archéo-anthropologique et paléobiochimique

Curriculum Vitae

Diplômé en 2015 du Master anthropologie biologique/préhistoire (spécialité anthropologie biologique) de l’université de Bordeaux, j’ai débuté cette même année une thèse, en archéologie médiévale, à l’université de Tours (soutenue en 2020). Parallèlement à l’achèvement de mon travail doctoral, j’ai été recruté en 2019 comme ingénieur d’études contractuel au sein du service d’archéo-anthropologie de l’UMR 6273 CRAHAM (UNICAEN – CNRS). J’y suis responsable de l’étude ostéologique de la population médiévale mise au jour dans la ville de Saint-Dizier (Marne), dans le cadre de la fouille programmée conduite par Stéphanie Desbrosse-Degobertière (Inrap). Par ailleurs, j’y participe à l’élaboration de nouveaux projets de recherche, notamment dans la perspective de poursuivre les analyses menées dans ma thèse, effectuée au Laboratoire Archéologie et Territoire.

Parcours de thèse

Son objectif était d’améliorer la compréhension des pratiques alimentaires de la société médiévale tourangelle entre le 11e et le 15e siècle en interrogeant la relation entre les pratiques alimentaires, la structuration sociale et l’état sanitaire, à cette période en Touraine. Elle a été menée en analysant différentes données biologiques livrées par les vestiges osseux humains et notamment en recourant une méthode d’analyse innovante (l’étude des rapports isotopiques du carbone et de l’azote du collagène osseux qui documentent la part protéique de l’alimentation d’un sujet au cours des dernières années de sa vie). L’ensemble de ces informations, obtenues par l’étude de 270 individus issus de six sites archéologiques socialement distincts, a permis d’interroger aussi certains critères archéologiques classiquement retenus pour discuter de la structuration sociale d’un ensemble funéraire de cette période et a offert un regard critique sur l’interprétation de paramètres squelettiques communément associés à l’alimentation et aux conditions de vie des populations du passé.

En outre, puisque les restitutions des tendances alimentaires des humains, telles qu’établies par cette méthode, s’appuient sur la confrontation de leurs signatures biochimiques à celles d’animaux locaux et contemporains, un important corpus archéozoologique régional a également été analysé. Celui-ci regroupe 102 échantillons archéozoologiques taxinomiquement identifiés, provenant de quatre sites régionaux : deux situés à Tours (le château et la place Anatole France), un sur la commune de Maillé (Indre-et-Loire) et le château de Chambord.

L’analyse des rapports isotopiques des humains a montré l’existence d’une relation entre la signature biochimique et l’appartenance à un groupe social, confirmant, par là-même, la capacité des marqueurs biochimiques à les repérer. Une identification des choix alimentaires des différentes populations a également pu être menée, en confrontant leurs valeurs isotopiques à celles du référentiel archéozoologique.

En plus de fournir un cadre interprétatif aux analyses isotopiques des différentes populations humaines, l’analyse biochimique du corpus archéozoologique a non seulement démontré  la capacité de cette approche à distinguer les animaux selon leur environnement et l’origine de leurs aliments, mais a également confirmé que les pratiques d’agriculture et d’élevage influencent les valeurs isotopiques de la faune, ouvrant des pistes de réflexion sur la relation entre l’homme et les animaux à cette période.

Cette recherche a été rendue possible par l’exceptionnelle qualité de la documentation archéologique en Touraine et tout particulièrement à Tours où les interventions menées depuis la fin des années 1960 ont notamment permis de constituer une collection ostéologique de première importance, comportant plusieurs milliers d’individus, dont une très large part est attribuée à la période médiévale. En outre ce travail a bénéficié du dynamisme scientifique local dans les champs de l’archéologie, de l’histoire de l’alimentation ou encore de l’histoire de la santé au travers de collaborations et d’échanges avec des chercheurs et des médecins issus de différents laboratoires et instituts Tourangeaux (Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation, Laboratoire Archéologie et Territoires, Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, CHRU de Tours et UFR de Pharmacie de l’université de Tours) et d’opérateurs d’archéologie préventive publics (Service de l’Archéologie du Département d’Indre-et-Loire et Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) et privés (Eveha).

Cette étude, innovante dans sa méthodologie, a mis en lumière la capacité des archéosciences à apporter de nouvelles informations fondamentales pour accroître notre connaissance des sociétés du passé, y compris à partir de collections issues de fouilles anciennes. De plus, elle constitue la première application de ce type d’analyses dans la moitié Nord de la France. Cette singularité est accrue par la grande diversité taxinomique du référentiel animal analysé et le large éventail sociologique exploré au sein d’une zone géographique resserrée, faisant de cette étude, et donc de la Touraine, un référentiel majeur pour toute future application de ce type d’analyses à l’échelle européenne.