Marie Lafont
La bonne ville de Bourges en chantier : urbanisme et architecture civile (1480-1520)
Sous la direction d’Élisabeth Lorans, soutenance le 29 juin 2021
Par une approche spatiale et multiscalaire, cette thèse vise à confronter l’étude de la morphologie urbaine à l’analyse sérielle des sources écrites et du bâti civil conservé afin d’appréhender la vitalité constructive de Bourges au tournant des 15e et 16e siècles. Prenant donc le contrepied de la tradition historiographique qui considérait l’incendie de 1487 comme cause de déclin, il s’est agi de démontrer qu’au contraire l’analyse de l’architecture civile à cette période témoigne du dynamisme de Bourges. L’incendie a finalement donné du poids à la ville puisque les échevins ont obtenu plus de 25 000 £ t. de la part du roi et les ont utilisés à bon escient, pour faire de Bourges une belle ville digne de sa position dans le royaume. Comme cela a été démontré par l’analyse minutieuse des comptabilités, cette somme est intégralement dédiée à l’embellissement de l’espace urbain et dépasse largement la seule réparation des dégâts engendrés par l’incendie. Ces deniers sont employés pour développer le réseau de puits et d’égouts et pour paver ou repaver l’ensemble du réseau viaire. Plus de 60% de la somme octroyée est dédiée à la construction monumentale : un hôtel de ville est élevé, les fortifications sont en grande partie rénovées et la Chambre des comptes est entièrement reconstruite. En somme, Charles VIII a financé l’embellissement de l’une de ses bonnes villes, dont les recettes n’étaient pas assez élevées pour assurer les chantiers nécessaires à la rénovation du paysage urbain. Ces chantiers municipaux maintinrent un véritable dynamisme architectural et profitèrent à l’architecture privée puisque le parc immobilier fût fortement renouvelé à la fin du 15e siècle et durant le premier tiers du 16e siècle : en témoignent aujourd’hui plusieurs centaines de maisons à pans de bois.